Hotel Supramonte - ABO - 370m - 8b max/7c obl
C'est tout simplement un rêve de gosse qui se réalise...
Depuis le jour où j'ai aperçu la photo de Yann Ghesquiers dans Hotel Supramonte, je rêvais secrètement d'aller y frotter mes chaussons, sans jamais me doutais qu'un jour ça serait possible.
Et je n'ai pas été déçu, cette voie est un bijou...
Elle offre une succession de longueurs exceptionnelles, sur une paroi d'une pureté et d'un élan, que l'on ne trouve que dans les gorges de Gorropu...
Comme le dit si bien Arnaud dans son topo Paroi de Légende : "Rolando Larcher est le maître dans ce style d'ouverture élitiste et engagé depuis le bas.
Hotel est une voie qui demande beaucoup de maitrise dans les niveaux intermédiaires (entendez en dessous 7a/b) avec des chutes potentielles de plus de 20m".
Il est vrai que le style d'ouverture de cette voie est tout simplement impeccable et remarquable dans les longueurs dures du bas.
Engagée et bien obligatoire, mais sans jamais être vraiment expo, cela offre un caractère, et une forme saveur bien particulière à la voie. Cependant, dès que l'on grimpe en dessous de 7c dans les longueurs du haut, c'est une autre histoire... Il est courant d'y faire des envolées de plus de 5m dans du 6b/c, à des endroits où la chute est juste interdite...
Bref, un voyage exceptionnel, qui se mérite, et que l'on n'est pas prêt d'oublier !
Approche : Contrairement à ce que laisse croire les topos, il existe 3 accès possibles :
Dans tous les cas, de Dorgali, prendre la route en direction de Baunei
1 - Le plus proche : Continuer en direction de Baunei jusqu'au col qui se trouve au sud du canyon de Gorropu (Passo Ghena Silana)
Suivre le GR qui descend jusqu'à l'entrée des gorges (50min à la descente, 1h15 à la montée - 700m de dénivelé)
C'est l'itinéraire que nous avons choisi pour accéder à la voie.
2 - Le moins fatiguant : Des navettes sont organisées entre Campo Base, (situé sur la route entre Cala Gonone et le col au sud du massif).
Uniquement pendant la saison touristique.
Nous ne les avons jamais empruntés à l'aller, mais nous les avons pris pour le retour quand nous avions beaucoup de matériel à remonter, ou les jours de grosse fatigue :p
Il est possible de réserver son billet retour en navette, à l'entrée de la gorge :
40min de marche à plat en direction du Nord, environ 30/40min de 4x4 jusqu'à Campo Base, puis 15min de navette pour retourner au Col. (15€/pers)
3 - Le plus long : Après la déviation qui mène à CalaGonone, tournez à droite et suivre les panneaux Gorropu jusqu'au parking payant, au nord des Gorges (bar/camping), se situant juste avant un petit pont en ciment qui passe au dessus du Rio Flumineddu. Nous n'avons jamais emprunté cet accès, malgré le fait que ce soit celui indiqué sur les topos. Sur place, environ 2h de marche "annoncée" jusqu'à l'entrée des gorges. Relativement plat à première vue (possibilité de prendre des vélos électriques ?)
Depuis l'entrée des gorges Comptez ensuite 15min environ jusqu'au départ de la voie.
À noter que nous étions présents la première semaine de septembre, encore en saison touristique.
De ce fait, beaucoup de monde étaient présents dans les gorges, et l'accès était payant.
(5€/pers pour une journée, mais 3.50€/pers la semaine, si vous y allez sur plusieurs jours).
La guérite ouvre vers 9h30, et doit fermer vers environ 17/18h (à l'entrée de la gorges).
La dernière navette est à 18h au jeep transfert, du coup, obligation d'être présent à 17h dernier délai à la guérite à l'entrée de la gorge, pour pouvoir réserver son billet retour.
Matériel : Nous avons pris le parti de mettre en place toute les dégaines jusqu'à R5, et d'y fixer une stat pour pouvoir descendre facilement en fin de journée (avec une stat de 100m, possibilité de descendre directement au sol depuis R5).
Nous avions pour cela :
- 40 dégaines (hors relais) pour les 5 premières longueurs + 10 dégaines light pour monter jusqu'au sommet de la voie à partir de R5.
- Une stat de 100m pour le retour au sol depuis R5.
- Une corde à simple de 60m (possibilité de redescendre au relai avec, dans toute les longueurs, sauf dans L9, L10 et L11 qui font plus de 35m)
- Une trail-line de 60m pour le hissage du sac et les rappels au dessus de R5
- Une sellette, car beaucoup de relai peu confort dans le bas (portaledge 1 place pour faire une plateforme inutile)
- Coinceurs pour réduire l'engagement inutile (improtégeable)
Tous les relais de la voie sont chainés et bien équipés pour redescendre en rappel.
Départ de la voie évident, à droite de la Viaje de Los Locos, sous un dièdre évident qui bute contre un bombé
L1 - 7b+ - 30m - 8spits
Premier point à 5m. Courte échelle conseillée pour le premier pas, car le caillou blanc est très patiné, et la chute au sol pas terrible... Départ au dessus du premier point facile puis crux un peu morpho. La suite jusqu'au dièdre est rési et en finesse.
L2 - 7c+ - 25m - 6spits
Départ facile, puis un petit pas à méthode pour atteindre la fissure. Lorsque celle-ci se bouche, ne pas passer tout droit, mais faire une énorme traversée à gauche (5-6m) pour monter au point suivant (facile mais impressionnant...). Puis crux de la longueur (un pas de bloc obligatoire).
L3 - 8b - 35/40m - 11spits
Majeur ! Petit 8b.
2 dégaines en place (aux 2 crux)
Départ facile du relai jusqu'à la niche, bonne fissure en gros dévers puis crux (passage le plus obligatoire de la voie
(7c), et ceux même avec la chasse d'eau en place...)
Suite rési avec quelques repos moyen jusqu'au deuxième crux (obligatoire aussi malgré la chasse d'eau), mais moins dur que le premier, avec un très gros repos à droite juste avant.
La fin de la longueur est bien engagée mais facile, avec un petit pas au milieu.
L4 - 8a+ - 35m - 9spits
8a selon certains... Pour nous c'est celle qui nous a donné le plus de fil à retordre Xp
Un pas peu agréable au premier point, traversée facile sur une grosse rampe, puis section qui s'intensifie jusqu'au crux de la longueur (très obligatoire). Un repos moyen, puis une traversée à gauche sur des grosses inversées pour atteindre un énorme repos (du repos moyen ne pas partir à droite (spits pour la descente)).
Fin en traversée qui ne paye pas de mine au calage, mais vraiment pas si simple à l'enchainement (on est tombé tous les deux au dernier mouvement lors de notre premier essai).
L5 - 8a+ - 25m - 6spits
Une dégaine en place pour le tirage
La plus belle ! Annoncée à la base comme une longueur bloc, nous l'avons finalement trouvé plutôt homogène et résistante, et moins dure que la précédente. À noter que nous avions les genouillères, et le crux se joue sur un mauvais genou à plat, du coup ça change tout...
Grosse traversée à droite où il faut bien être millimétré, jusqu'à la chasse d'eau, puis fin très facile pour aller au relai tout à gauche de la grosse rampe. Petit 8a+ avec la genouillère.
L6 - 7c - 35m - 9 spits
Super longueur dans du beau calcaire à crépi/goutte d'eau. Relativement engagé par endroit, mais pas très dure pour la cotation, à condition de savoir où on va, et surtout, où sont les prises.
Premier point très mal placé à gauche : ça grimpe à droite, c'est l'un des crux, et la chute se fait direct sur l'assureur...
Toute la suite est conti, avec des petites sections qui grimpe un peu plus. Un pas un peu plus dur que les autres vers la fin de la longueur.
À partir de là nous sommes passé qu'une fois, à vue, le jour de l'enchainement.
L7 - 7a+ -25m - 4 points
Bon bah c'est pas dur, mais ça fait peur... le dur se fait au début en partant à droite vers les deux premiers points, la suite est facile, mais c'est du solo. Relai au sommet du dièdre à gauche.
L8 - 7b+ -25m - 5 points
Je suis parti à tel point tendu dans la longueur, qu'arriver au relai, j'étais prêt à recoter la longueur 7a+ x).
Bon, il ne faut pas exagéré, mais ce n'est pas si dur, et plutôt bien équipé comparé au reste. Le crux est un gros blocage à la fin de la traversée à droite du début.
Tout le reste c'est un pas/un repos, mais on est jamais trop loin du point. Le toit final est facile.
L9 - 7b - 40m - 7 points
À partir de là, l'équipement devient du grand n'importe quoi. Tant qu'on est en dessous de 7a, les chutes sont globalement interdites.
Premier point à 6m au dessus du bombé (invisible), légèrement à droite du relai. Point suivant idem, mais encore plus loin, droit au dessus de la dalle à goutte d'eau. L'équipement se détend quand on attend le mur vertical avec la colo. Crux à la toute fin pour franchir le dernier bombé.
L10 - 7b - 40m - 7 points
Idem que la précédente pour l'équipement. Jamais vraiment en dessous de 6b et chute interdite à pas mal d'endroit. Un pas plus dur que les autres dans un léger bombé lisse.
L11 - 6b - 60m - 2points
Nous n'avons pas grimpé cette longueur. Le jour de l'enchainement nous nous sommes donné comme deadline 15h30 pour attaquer les rappels, pour avoir une chance de prendre la navette, pour remonter tout le matos (on n'avait vraiment pas envie de faire les 700m de dénivelé avec la stat, les 50 dégaines,...). Et nous sommes arrivé pile à 15h30 R10....
En plus la dernière longueur ne fait vraiment pas rêver (succession de grosse vire où l'on marche, avec aucun point visible pour savoir où aller).
Pour notre part nous avions 6 jours sur place, et nous nous sommes organisé de la manière suivante :
J1 : Descente du matériel + pose des dégaines et calage de L1/L2/L3
J2 : Remontée à L3 sur stat, pose des dégaines et calage de L4/L5/L6
J3 : Repos
J4 : Tentative d'enchainement des premières longueurs, en faisant les longueurs dans le 7 en réversible, et celles dans le 8 chacun notre tour en tête. On tombe tous les deux dans le dernier mouvement de L4, on décide donc de recaler proprement L4 et L5. On finit par enchainer L5 après le recalage. Étant donné qu'il n'y a que L4 que l'on a pas enchaîné dans le bas, on a bonne espoir pour le push du dernier jour
J5 : Repos
J6 : Push de l'enchainement en réversible, avec à chaque fois le second qui récupère les dégaines en grimpant.
Départ 9h. On enchaine tous les deux toutes les longueurs (sauf moi qui fais une zipette à la fin du 8b en second (vraiment dommage... heureusement que je l'avais enchainé deux jours avant !))
Arrivée à R6 vers 12h30, on se donne 3h pour tenter de monter le plus haut possible à vue, pour avoir une chance d'avoir la navette et ne pas se remonter tout le matos à pied (surtout qu'on avait de la route le soir, afin d'être à l'heure pour le bateau qui était très tôt le lendemain, et à l'autre bout de l'île).
On sort tout à vue, jusqu'à être pile-poil à 15h30 à R10.
On laisse tomber le 6b qui n'a vraiment pas l'air joli, et finissons les rappels pile à l'heure pour réserver la navette au dernier moment.
Une journée juste incroyable...
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